Arielle a onze ans, mais sent déjà son avenir se refermer sur elle, enserrer son corps obèse qui ne correspond pas aux canons de la beauté. Élevée dans un milieu privilégié où l'apparence fait loi, privée depuis peu du soutien de sa grand-mère, sa seule véritable alliée, elle se gave de nourriture pour combler le vide de plus en plus grand qui l'envahit. Dans sa bouche, les phrases chipées aux adultes qui oublient trop souvent sa présence prennent un tour grinçant ; les morales à l'eau de rose des films dont elle se régalait avec mamie tournent au vinaigre.
S'il est vrai que notre parcours est souvent marqué d'une longue suite d'essais et d'erreurs, et que nous mordons la poussière plus souvent qu'à notre tour, je crois fermement que chacun recèle en soi des valeurs essentielles qui peuvent lui permettre de ne pas perdre le cap. C'est en tout cas l'une des leçons que je tire, non seulement des nombreux déboires amoureux qui ont jalonné ma vie sentimentale, mais aussi de toutes les difficultés qui ont marqué mon existence.
Malgré toutes mes précautions d'épouse attentive, tout portait à croire qu'une intruse avait fait son apparition dans notre maison. Depuis que j'avais découvert son satané tube de rouge à lèvres, elle réglait le temps, ponctuait les heures, les minutes et les secondes, dirigeait tout sans même avoir besoin d'être présente. Ce qui prouve qu'une maîtresse n'a même pas à se glisser entre les draps de votre lit conjugal pour vous en imposer l'odieux partage avec elle. Il lui suffit de cesser d'être improbable pour devenir toute-puissante.
Au bord de l’abîme, Clara s’échoue au Thank God, un truck stop miteux situé en bordure du parc de La Vérendrye. C’est là qu’elle fait la connaissance de Richard, lui aussi écorché vif. Dans une chambre minable, ces deux êtres qui n’étaient pourtant pas destinés à se rencontrer vont renaître de leurs cendres. Avec les moyens du bord, ils règleront sans scrupules leurs comptes avec la vie, tout en couvrant de leur aile protectrice Symone, la jeune waitress de l’établissement, et Oprah, une biche orpheline.